Des Coiffures pour l'histoire: un descriptif des gravures dans l’almanach de Marie-Antoinette, Le Trésor des Graces

Coiffure à la Veuve de Malabar

La veuve de Malabar porte un collier simple et une robe verte avec une bordure rouge et une collerette blanche. Sa coiffure élaborée la distingue avec de grandes plumes rouges, jaunes et bleues sur le dessus de la tête. Un ruban jaune se trouve sur le côté de sa coiffe et une paire de roses, une rouge et une jaune ornent ses cheveux. Un bouton de rose collé au-dessus du bouquet qui dépasse, toutes raide, vers le haut à partir de la collection de grandes plumes qui se trouvent sur le dessus de la tête.

La veuve de Malabar est une pièce écrite par Antoine-Marin Lemierre en 1770, réalisée pour la première fois en juillet 1770 à Paris où elle s’est maintenue en scène pendant trente jours consécutifs. Il s’agit d’une tragi-comédie d'une veuve indienne qui se jette sur le bûcher funéraire de son mari et est sauvée par un officier français. La pièce se termine par la veuve réunie avec l'officier français qu'elle aimait avant de se marier. La veuve a été obligée de pratiquer une tradition indienne « barbare » connue sous le nom de « sati » mais elle est sauvée par l’arrivée des Français. [1] En Inde lorsqu’on parle de « sati », il s’agit d’ une ancienne coutume où une veuve doit se brûler à mort sur le bûcher funéraire de son mari. Cette tradition s’applique par la caste sacerdotale, les brâhmanes, et a souvent été instituée afin que la veuve ne puisse pas prendre possession de la propriété de son mari après sa mort. Cet aspect de la pièce est un commentaire direct sur le pouvoir du clergé au XVIIe et XVIIIe siècles et contient de nombreuses critiques religieuses. La pièce reflète également les enseignements du « Siècle des Lumières » où d'autres pays sont toujours inférieurs à la France. Non seulement l'Inde est fragile et sans défense contre la puissance de l'armée française, mais les Indiens ont besoin d'une protection de leurs propres idéaux. Ainsi les Français sont magnanimes et disposés à pardonner la barbarie de l'Inde pour qu'ils puissent enfins êtres “éclairés.” C’est une représentation de l’Occident qui influence l’Orient avec sont humanité et sa moralité méritoires.

Au XVIIIe siècle en France, l'Inde était grandement appréciée et recherchée pour ses bijoux et textiles. La mode à Paris était remplie de tissus indiens. Louis XIV était particulièrement enchanté par l'Inde parce que le roi de l'époque, Shah Jahan (1628-1658), avait construit le Taj Mahal et aimait montrer son opulence grâce à l'or, les bijoux, et le marbre. [2] Cependant, la connaissance de l'Inde par les Français ne venait pas uniquement des voyageurs. Louis XVI a reçu des ambassadeurs [3] de l'Inde qui sont arrivés à la cour française afin de faire une alliance diplomatique. Bien que la France n’ait jamais finalement été alliée avec l'Indeà cette époque, les courtisans ont apprécié les cadeaux somptueux qui leur avaient été donnés par les ambassadeurs indiens. Malgré ce point de vue de l'Inde comme une terre de richesses, « La Veuve de Malabar » dépeint une version très différente de l'Inde--une vision axée sur les idéaux des Lumières. L'Inde de la pièce de Lemierre est inférieure à la France. Ainsi, bien que l'Inde pouvait se vanter de richesse économique, la France serait toujours moralement supérieure. En outre, les idéaux français, selon la pièce, allaient durer et se propager à travers le monde, assurant une domination de cette nation sur tous les autres pays, y compris l'Inde.

Il se trouve que La veuve de Malabar a aussi été réalisée en Angleterre et l'actrice qui a joué la veuve titulaire de Malabar a porté une coiffure similaire à celle montrée dans l'almanach de Marie-Antoinette. [4] C’est une coiffure élaborée, également décorée de grandes plumes sur le dessus de sa tête. La pièce a également été traduite en anglais et adaptée pour un public américain [5] un certain nombre d'années plus tard. Ce qui est clair est que La veuve de Malabar a reçu un large public, car cette histoire favorise le nationalisme par rapport à une ancienne culture. Le fait que la pièce ait été effectuée non seulement sur une longue durée de temps, mais aussi dans de nombreux pays différents suggère que son importance réside dans son message de nationalisme et que le gain d'une femme est, à son tour, liée à la préservation de la fierté nationale. La veuve de Malabar symbolise la survie des idéaux français - ou des idéaux britanniques ou des américains : triompher sur ceux de l'Inde et d'autres pays asiatiques.

Je pense que l'image de la veuve de Malabar était dans l'almanach de Marie-Antoinette parce que la veuve est un symbole du nationalisme français qui triomphe dans les pays étrangers. Cela aurait été un rappel à Marie-Antoinette qu'elle n’était pas française--elle était une étrangère. Si Marie-Antoinette imitait la coiffure de la veuve de Malabar elle montrait son soutien au nationalisme français de façon que les Français admirent et ils seraient d'accord avec ce qui est important pour son image. Que la veuve soit indienne est intéressant parce que la veuve est toujours jouée par une femme française, même si elle est censée être indienne. Pourtant, la pièce suggère que, grâce à son amour pour un Français, cette étrangère sera réformée par la morale française. De même, Marie-Antoinette peut également être réformée par des idéaux français. Tant la veuve et Marie-Antoinette sont étrangères à la France, ce qui est la raison pour laquelle je pense que la veuve est incluse dans cet almanach, en dépit du fait que la pièce a été initialement réalisée en 1770 et que l'almanach a été publié dans les années 1780. La veuve envoie un message à Marie-Antoinette car elle suggère que le nationalisme français triomphe sur tout.

Keertana Anandraj, Wellesley College Class of 2018
The widow of Malabar wears a green dress with a red border and a white collar accompanied by a simple necklace. Her elaborate hairstyle is distinguished by large red, yellow, and blue feathers which lay atop her head. A yellow ribbon lies on one side and a pair of roses, one red and one yellow, decorate the side of her hair. A rosebud, part of the bouquet of roses, sticks upwards and four feathers also point up from the collection of large feathers already on top of her head.

The Widow of Malabar is a play by Antoine-Marin Lemierre that was written in 1770 and first performed in July 1770 in Paris where it ran for thirty consecutive days. It is a tragi-comedy about an Indian widow who throws herself on the burning funeral pyre of her husband but who is saved by a French officer. The play ends with the widow reunited with the French officer whom she loved before her marriage. The widow is forced to partake in a “barbaric” Indian tradition known as “sati” but is ultimately saved by the French [1]. In India, “sati” is the ancient custom where a widow is burned on top of the funeral pyre of her recently deceased husband. It was enforced by the priestly cast, the Brahmins, and was instituted originally so that the widow could not control the property of her husband. This aspect of the play is a commentary on the power of the French clergy in the seventeenth and eighteenth centuries, and it clearly contains anti-religious sentiments. Additionally, the play reflects the ideals of the Enlightenment by comparing other countries with France and finding them lacking in moral superiority. India, in particular, is fragile and has no defenses against the might of the French army. But, the French are magnanimous in Lemierre’s play and forgive the Indians for their barbaric ideals and customs, teaching them instead of the enlightened man in France. This is a representation of the West’s influence over the East and the impact they hold in imparting humanity and superior morals.

In eighteenth-century France, India was greatly appreciated and sought after for its jewels and cloths. The Parisian fashion was filled with fabrics and textiles imported from India. Louis XIV was particularly enchanted by India because the king at the time, Shah Jahan (1628-1658), had built the Taj Mahal and displayed his opulence with gold, jewels, and marble [2]. But France’s knowledge of India did not come solely from the accounts of travelers. Louis XVI received ambassadors from India who arrived at Versailles to forge an alliance with France [3]. Though France never did form this alliance in this period, the French monarchy did appreciate the rich gifts that were given. Despite the view of India as a land of riches, though, The Widow of Malabar depicts a very different version of India—one more in line with the thought-process of the Enlightenment philosophers. The India of Lemierre’s play is inferior to France. Although India is economically richer than France, France remains morally superior. What’s more, the play insists, these French ideals will last the test of time and spread throughout the world.

It is interesting to note that The Widow of Malabar was performed not just in France but also in England where the actress playing the widow of Malabar wore a hairstyle similar to the one shown in the almanac of Marie-Antoinette [4]. It is also an elaborate hairstyle, decorated with features atop the actress’s head. The play was also translated in English and adapted for an American [5] audience many years later. What is clear is that The Widow of Malabar received large audiences, likely because its story extolled nationalism over an ancient culture. The fact that it remained popular over a long period of time, including in multiple different countries, suggests that its importance resides in its message of nationalism and that women can preserve that fierce sense of nationalism. The widow of Malabar symbolizes that the French ideals—or British or American ideals—triumph over those of India and other Eastern countries.

One can imagine that this image was included in Marie-Antoinette’s almanac because it symbolizes French nationalism’s triumph over a foreign country. Marie-Antoinette herself is not French—she is a foreigner. If Marie-Antoinette were to imitate the hairstyle of the widow of Malabar she would show her support for French nationalism in a manner that the French people would admire and approve of, which is important to the image that Marie-Antoinette displays. That the widow is Indian is interesting because she is always played by a French woman, even though she is supposed to be of Indian origin. As such, this play suggests that because of her love of a French man, this foreigner is further reformed by French morals. Similarly, Marie-Antoinette can also be reformed by French ideals. Both the widow and Marie-Antoinette are foreigners to France, the reason why the widow was included in the almanac, despite the fact that the play was first performed in 1770 and the almanac was published sometime in the 1780s. The widow is a message to Marie-Antoinette that French nationalism triumphs over all.
 

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