Des Coiffures pour l'histoire: un descriptif des gravures dans l’almanach de Marie-Antoinette, Le Trésor des Graces

Coiffure à la Zaïre

La femme dans ce portrait vient d’un haut niveau social car elle porte une robe ornée de fourrure. Nous verrons que la fourrure est souvent associée au personnage de Zaïre et au style lié à Jérusalem.  Sa coiffure est le point central du portrait puisqu’elle occupe la moitié de l’image. C’est une coiffure de cheveux clairs, ce qui semble être la règle des portraits de coiffures. Elle comprend un pouf décoré de rubans rose et blancs et de fleurs, apparemment des roses, entrecoupées de verdure et d’une fleure jaune. En-dessous du pouf, nous trouvons quelques boucles de cheveux autour du cou. La vue de profil offre une meilleure vue de la coiffure.

Zaïre est une pièce de théâtre de Voltaire, philosophe des Lumières et homme de théâtre. Sa pièce est une tragédie qui a été montée pour la première fois à la Comédie-Française en 1732. [1] Marie-Antoinette, qui a popularisé le pouf dépeint, était née en 1755, alors Zaïre était joué en avant-première avant sa naissance. En considérant ce détail, il est probable que ce portrait ait été créé plusieurs années après la première de Zaïre qui a reçu un tel succès qu’elle a été jouée 488 fois à la Comédie-Française entre 1732 et 1936. [1] Selon l’hypothèse que cet almanach date des années 1770-1780, la pièce de Zaïre a été jouée deux fois à la Comédie Française à Paris pendant cette période: le 10 février 1776 et le 22 décemebre 1778. [2]

Zaïre se déroule à Jérusalem. La pièce raconte l’histoire d’une jeune femme [3] au nom éponyme, qui était prise comme esclave par une armée musulmane quand elle était un bébé. Elle grandit dans la maison d’Orosmane, le sultan de Jérusalem. Zaïre et Orosmane sont tombés amoureux lorsque un gentilhomme, Nérestan, arrive de France avec une rançon pour la liberté des esclaves. Orosmane ne veut pas libérer deux esclaves : l’ancien roi de Jérusalem, qu’il craint, et Zaïre, qu’il veut épouser. Néanmoins, l’ancien roi, Lusignan, est libéré. Lusignan se rend compte qu’Orosmane et Nérestan sont ses enfants et il est horrifié de découvrir que sa fille va épouser un musulman, compte tenu de son origine chrétienne. Orosmane soupçonne que Zaire est amoureuse de Nérestan, alors quand elle essaie de s’échapper avec Nérestan, Orosmane la tue. Dès qu’elle est touchée, Nérestan s’exclame: « Ah ! que vois-je ! ah ! Ma sœur ! » [4] et Orosmane se rend compte qu’il était son frère, alors ce n’était pa coupable d’une trahison amoureuse. Orosmane se suicide. [5]

À côté du portrait, il y a un poème intitulé « Zaïre / Air Pour la Baronne » qui fait référence à la pièce de théâtre de Voltaire. Ce poème romantique, qui décrit l’amour entre Orosmane et Zaïre, semble être l’inspiration pour cette coiffure, ce qui indique que ces coiffures n’étaient pas seulement des œuvres d’art, mais aussi des références à la culture populaire de l’époque.

Etant donné l’opulence des almanachs qui contiennent ces portraits de coiffures, nous pourrions déduire que ce sont des almanachs de femmes de haut niveau, mais comment est-ce qu’elles les ont utilisés ? Les coiffures en style de pouf ont demandé beaucoup de travail d’un coiffeur. Dans un texte intitulé « L’Art de la Coëffure Des Dames Françoises » un de ces coiffeurs, Legros de Rumigny, a décrit plusieurs styles de coiffures, avec les détails de comment former chaque coiffure. [6] En connaissance de ce texte, on sait que les femmes aristocratiques de cette époque ne demandaient pas seulement aux coiffeurs de faire un pouf, mais elles ont faisait une demande en référence à un événement ou un personnage historique ou fictionnel précis.

Dans « Les Almanachs Français : Bibliographie-Iconographie » il y a un extrait d’un autre almanach publié en 1772 avec un poème qui décrit comment faire un pouf : « Pour nourrir nos cheveux, l’ornement de la tête, / Elaguez-les, humectez-les aussi, / Prenez Poudre, Pommade, et surtout joignez-y / L’Eau merveilleuse que j’apprête. » (121). [7] Ainsi, nous apprenons que ces poufs de grande taille étaient faits avec de la poudre et de la pommade. Les coiffures étaient « l’ornement de la tête » alors on pourrait imaginer que c’était comme un bijou que chaque femme portait pour montrer son style.

La coiffure de Zaïre ressemble aux coiffures dans l’almanach de Marie-Antoinette, alors il est intéressant que ce catalogue offre les mêmes types de coiffures que celui de la Reine. Cela nous confirme la popularité des “poufs des circonstances” et de ces images comme des exemples de coiffures potentiels.

On sait que le pouf était popularisé par Marie-Antoinette, alors on pourrait imaginer que cette image était une image d’inspiration pour une femme de haut niveau qui avait peut-être le désir de reproduire ce style fameux de la reine.

La pièce de Zaïre raconte une histoire d’amour et de combat entre la passion et la religion. La mort de l’héroïne aux mains de son amant “oriental” jaloux avait fait verser de nombreuses larmes, surtout du public féminin de Paris. Quoique Marie-Antoinette ait refusé de rencontrer Voltaire lors du retour en France du philosophe après son exil parce qu’elle ne lui pardonnait pas ses critiques de la religion et des mœurs françaises, la présence de Zaïre dans l’almanach prouve que l’on pouvait séparer les écrits satiriques et les écrits de théâtre. [8] L’héroïne de Voltaire avait pris sa propre dimension en tant que personnage tragique palpitant par son mélange d’innocence et de passion.

Meredith Accum, Wellesley College Class of 2016
The lady in the portrait is an aristocratic woman, based on her fur-trimmed dress. Such fur is often associated with the character of Zaire, from Voltaire’s play, and with Jerusalem style. Her hairstyle is the focus of the portrait, where it occupies half the height of the image. The lady’s hair is pale, which seems to be the norm in portraits of poufs from the 18th century. The hairstyle consists of a pouf, decorated with pink and white ribbons and with flowers, seemingly roses, interspersed with greenery and one yellow flower. Under the pouf, there are several curls of hair around the lady’s neck. The portrait is drawn in profile, in order to best show off the pouf.

Zaïre is a play by Voltaire, a playwright and well-known philosopher of the Enlightenment. Zaire is a tragedy which premiered at the Comédie-Française in 1732. [1] Marie-Antoinette, who popularized the pouf depicted in the portrait, was born in 1755, so Zaïre premiered more than twenty years before her birth. Considering this, the portrait was probably created several years after the premier of Zaïre, which was such a great success that it was played 488 times at the Comédie-Française between 1732 and 1936. [1] According to the theory that this almanac dates from 1770-1780, Zaïre was performed twice at the Comédie Française in Paris during this time period: February 10, 1776 and December 22, 1778​. [2]

Zaïre takes place in Jerusalem. The play tells the story of the eponymous young woman, [3] who was taken prisoner as a slave by a Muslim army when she was a baby. She grows up in the house of Orosmane, the sultan of Jerusalem. Zaïre and Orosmane have fallen in love when Nérestan, a nobleman, arrives from France with a ransom to buy the freedom of the slaves. There are two slaves that Orosmane does not want to free: the former king of Jerusalem, whom he fears, and Zaïre, whom he wishes to marry. Nevertheless, the former king Lusignan is freed. Lusignan realizes that Zaïre and Nérestan are his children and he is horrified to discover that his daughter is going to marry a Muslim, given her Christian origins. Orosmane suspects that Zaïre is in love with Nérestan, so when Zaïre tries to escape with Nérestan, Orosmane kills her. Once she has been killed, Néréstan cries out “O rending sight! -- my sister! -- bleeding! -- slain!”, [4] and Orosmane realizes that Nérestan was Zaïre’s brother, and was not in love with him. In his grief. Orosmane commits suicide. [5]

Next to the portrait, there is a poem entitled « Zaïre / Air Pour la Baronne » which references the play by Voltaire. This romantic poem, which describes the love between Orosmane and Zaïre, seems to be the inspiration for the hairstyle, so these hairstyles were not only works of art, but also references to the popular culture of the time.

Given the opulence of the almanacs containing the hairstyle portraits, we can deduce that these are the almanacs of aristocratic women, but how did they use them? The pouf hairstyles demanded a lot of work from hairdressers. In a text entitled « L’Art de la Coëffure Des Dames Françoises » one of these hairstylists, Legros de Rumigny, describes many different hairstyles with instructions on how to create each one. [6] The aristocratic women of the eighteenth century didn’t only ask their hairstylists to make them any old pouf; they asked for very specific poufs which referenced historical and fictional characters.

In « Les Almanachs Français : Bibliographie-Iconographie » we find an extract from an almanac published in 1772 with  a poem describing how to create a pouf: “To nourish our hair, the ornament of our head, / Cut it, wet it also, / Take powder, pommade, and above all, add / the perfume that I prepared.” (121). [7] From this poem, we can see that these tall poufs were made with powder and pommade. The hairstyles were the ornament of a woman’s head, so we can imagine that the pouf was like a jewel that each woman wore to show off her style and tastes.  

This hairstyle – Coiffure à la Zaïre – resembles hairstyles portrayed in Marie-Antoinette’s almanac, so it’s interesting to note that this other catalogue, not directly associated with Marie-Antoinette, also contains the same types of hairstyles as the Queen’s almanac. This confirms that the pouf’s popularity extended beyond the queen.

We know that Marie-Antoinette started the pouf craze, so we can imagine that this portrait was an inspirational portrait for an aristocratic woman who aspired to reproduce the famous hairstyles of the Queen.

Zaïre tells a story of love and of a fight between passion and religion. The death of the heroine at the hands of her jealous ‘oriental’ lover caused many tears in the eyes of audience members, above all the women of Paris. Although Marie-Antoinette refused to meet Voltaire when he returned to France after his exile, because she would not pardon his critiques of religion and French morals, [8] Zaïre’s presence in the almanac proves that satirical works were separate from theatrical plays. Voltaire’s heroine took on her own dimension as a tragic character, thrilling because of her mix of innocence and passion.
 
 

Renvois

Pouf de Théâtre
Pouf de Rubans
Pouf de Fleurs
Siècle des Lumières
Voltaire

Autres liens intéressants:

Cesar.org.uk contient une base de données des spectacles sous l’Ancien Régime et sous la Révolution. Cela comprend les auteurs dramatiques, les titres des pièces, et les dates de séances.

Le Projet des Registres de la Comédie Française contient les archives de la Comédie Française, où on pourrait trouver les registres de la Comédie Française, telles que les listes des acteurs de chaque spectacle.

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