Des Coiffures pour l'histoire: un descriptif des gravures dans l’almanach de Marie-Antoinette, Le Trésor des Graces

Coiffure de Venus pélerine

En regardant ce portrait de la coiffure de Venus pélerine, nous nous demandons qui est cette Vénus, et qu’est ce que sa coiffure et ses vêtements signifient dans le contexte de leur présence dans l’almanach de Marie-Antoinette ? Dans cette image, nous voyons le haut du buste et la tête d’une femme avec une très élégante et très haute coiffure. En commencent avec sa cape, celle-ci est verte avec des coquillages autour du col. La femme ne sourit pas, et elle ne regarde pas l’observateur de son portrait. Son regard est dirigé vers le côté droit. Si l’on observe ensuite sa coiffure, elle est très haute et large. Autour du cou, il y a quatre ou cinq grandes boucles, dans la forme de cylindres. Un peu plus haut, nous voyons une chaine de perles pliée autour de sa tête pour embellir ses cheveux. Perchée tout en haut se trouvent cinq plumes d’autruche bleues, roses, et jaunes. Pour finir le chef-d’oeuvre, nous voyons deux roses mélangées avec les plumes.

Vénus peut s’identifier par le petit détail des coquillages autour de son col dans le portrait qui font sûrement référence à la célèbre peinture de la déesse grecque de l’amour naissant sur un grand coquillage. Toutefois, cette image dans l’almanach fait plus probablement référence au personnage principal de la pièce de théâtre Vénus pélerine : comédie épisodique, en un acte, et en prose : mêlé de chants, de danses. [1] Cette pièce a été jouée pour la première fois en 1777 au Théâtre des Grands Danseurs du Roi à Paris, et puis a reçu le privilège de publication en 1778. [2] L’auteur, Alexandre- Louis- Bertrand- Robineau, qui a écrit sous l’anagramme Beaunoir, était le fils d’un secrétaire du roi. De plus, Beaunoir a travaillé dans la bibliothèque royale. [3] Ses pièces étaient bien reçues par la société parisienne, et il était connu à la Cour.

Passant à l’intrigue, dans cette pièce, Vénus descend de l’Olympe au globe terrestre avec Momus, le dieu grec de la moquerie. Elle cherche son fils, Amour, qui est allé en Turquie, soit à Constantinople, soit dans un petit village. Elle descend sous un déguisement dans la forme d’une coiffe, ou d’un voile. Beaunoir décrit son apparence en disant, « Sous une coëffe, Vénus, N’en était que plus belle. » [4] Cette coiffe est égale à une pélerine qui est une cape, portée par les femmes, qui ne couvre que les épaules et la poitrine. [5] Ce beau déguisement, et le personnage de Vénus, ont inspirés le portrait dans l’almanach de Marie-Antoinette.

Quand Vénus descend sur terre, elle trouve les gens à Constantinople corrompus et décadents. Cette grande ville peut être symbolique de la Cour royale. Beaunoir se moque de la corruption des moines, et la frivolité et le manque de moralité des prostitués. Ensuite, Beaunoir se moque de l’excès de la Cour avec le personnage le Sauvage qui dit, « Le premier qui inventa les sabots devoir être puni comme fauteur de luxe & corrupteur de la société. » [6] Naturellement, Vénus ne trouve pas son fils dans cet « horrible » Constantinople. Elle le trouve dans un village utopique. Amour est content de vivre dans le village où la vie est simple, et il joue avec des agneaux, comme Marie-Antoinette dans ses refuges de la cour, le Petit Trianon et le Hameau de la Reine.

Marie-Antoinette a probablement vu cette pièce de théâtre, car elle a été jouée à partir de 1777, l’époque de l'apparition de cet almanach. Le personnage de Vénus pélerine pouvait faire partie de la vie culturelle à la cour, et du coup, il y avait un style de coiffure nommé d’après la beauté de Vénus. Il se peut que Beaunoir ait voulu faire un parallèle entre Marie-Antoinette et Vénus à travers la question de la naïveté. Il nomme Vénus, « ma Reine » dans un vers. [7] Beaunoir résume la caractère de Vénus en disant, « votre esprit subtil & faux bâtit un édifice où il se plaît à habiter seul : vous vous enfoncez dans des rêves fantastiques, qui vous abusent & vous dérobent le véritable état du beau monde. » [8] Marie-Antoinette était aussi une femme qui vivait dans des rêves fantastiques, qui aimait les belles choses, et qui était séparée et déconnectée du monde et du peuple français. Sa situation n’est certes pas identique à celle de la Vénus, mais leur naïveté vis-à-vis de la vérité caractérise les deux femmes. De plus, Vénus a conclu avec son fils que la vie simple à la campagne dans un village est la meilleure et plus honnête vie.

Cette pièce ne formule pas une critique de Marie-Antoinette mais plutôt un parallèle pédagogique qui avertit les lecteurs du danger de devenir trop déconnectés ou désillusionnés de la réalité. Ce phénomène de déconnection s’applique à toute la cour de Louis XVI. Selon Beaunoir, il faut essayer de préserver un mode de vie simple, se battre contre la corruption et l’immoralité sur terre. Dans ce sens, l’auteur termine la pièce avec un peu de satire, une critique indirecte des tendances de sa société d’élite.

La présence d’une coiffure qui porte le nom de Vénus pélerine dans l’almanach peut s’expliquer par la proéminence de la pièce de théâtre de Beaunoir, et potentiellement par certaines similarités entre Vénus à Marie-Antoinette, deux femmes absorbées dans leurs rêves fantastiques.

Grace Howland, Wellesley College Class of 2016

As we look at this portrait, the hairstyle of Venus pélerine, the first questions that come to mind are: Who is Venus? What do her hair and clothing signify in the context of Marie-Antoinette’s almanac? The portrait features the model’s bust from the chest up, and most notably her very large and elegant hairstyle. Starting with her clothing, she wears a green cape with seashells circling the collar. She does not smile, and she does not look directly at her viewer. Instead, her gaze is diverted to her right. Moving on to her hairstyle, it is very high and large. Around her neck, there are five large curls. A bit higher, we see a strand of pearls draped around her head to embellish her hair. At the very top, there are five ostrich feathers in blue, pink, and yellow. To finish off the masterpiece, two roses are mixed in and placed among the feathers.

The seashells around Venus’s collar in the portrait help us to identify her as the Greek goddess of love, famously illustrated in the painting where she stands at her birth on a large shell. The portrait in the almanac most likely references the play Vénus pélerine, a comedy in one act and in prose, with a mixture of songs and dances.” [1] The play was performed for the first time in 1777 at the Théâtre des Grands Danseurs du Roi in Paris, and then obtained a royal privilege, allowing its publication in 1778. [2] The playwright, Alexandre- Louis- Bertrand- Robineau, who wrote under the pen name anagram Beaunoir, was the son of a secretary of the king. He also spent some time working in the royal library. [3] His plays were well-received in Parisian society and he was well known at the court of Versailles.

Moving on to the plot, in this play Venus descends from Olympus to Earth with Momus, the Greek god of mockery. She is looking for her son, Amour, who has either gone to Constantinople or to a small Turkish village. She comes down to Earth in a disguise in the form of a “coëffe”, or a veil. Beaunoir describes her appearance saying, “Under a veil, Venus, had never been more beautiful!” [4] This veil is comparable to a “pélerine,” which is a cape worn by women that only covers the shoulders and bust. [5] This beautiful disguise, and the character Venus, inspired the portrait in Marie-Antoinette’s almanac.

When Venus comes down to Earth, she finds people in Constantinople living corrupt and decadent lives. This large city could be symbolic of the French royal court or of the city of Paris. Beaunoir critiques the corruption of monks and the frivolity and immorality of prostitutes. Next, he critiques excessive consumption at court with the character Sauvage who says, “The first person to invent shoes should be punished as a monger of luxury & corrupter of society.” [6] Naturally, Venus does not find her son in this “horrible” Constantinople. She finds him in a utopian village. Amour is happy to live in a village where life is simple and he spends his time playing with sheep, much like Marie-Antoinette at her retreats, the Petit Trianon and the Hameau de la Reine.

Marie-Antoinette most likely saw this play, since it was performed beginning in 1777, which is also around the time of the publication of this almanach. The character Venus pélerine played a role in cultural life at Versailles, and therefore, a hairstyle was named and modeled after the beauty of Venus. It is possible that Beaunoir wanted to draw a parallel between Marie- Antoinette and Venus through the idea of their naiveté. He even addresses Venus as, “my Queen” in one verse. [7] Beaunoir summarizes the character Venus saying, “your subtle & false spirit builds an edifice where it prefers to exist alone: you envelope yourself in fantastical dreams, which abuse you & screen you from the true state of this beautiful world.” [8] Marie- Antoinette was also a woman who lived in a fantastical dream world, who liked beautiful things, and who was separated and disconnected from the world and the French people. Her situation does not perfectly parallel Venus’s, but their naiveté regarding the truth is a characteristic they share. Additionally, Venus concludes with her son that a simple life in a country village is the best and most honest type of life. We can speculate that Marie Antoinette had similar inclinations with the time she spent away from court at the Petit Trianon and the Hameau.

This play is not exactly a critique of Marie-Antoinette, but rather a pedagogical parallel that warns its readers of the danger of becoming too disconnected from, or disillusioned with, reality. This phenomenon of disillusionment and disconnection applies to the entire court under Louis XVI. According to Beaunoir, we must try to preserve a simple and pure way of life, fighting against corruption and immorality which are rampant on Earth. In this sense, the author ends the play with a slightly satirical and indirect critique of the tendencies of the elite in his society.

The presence of a portrait and hairstyle named after Venus pélerine can be explained by the prominence of Beaunoir’s play in cultural life at the French court and, potentially, the similarities between Venus and Marie-Antoinette as two women living in fantastical dream worlds.

Renvois

Personnage mythologique - Vénus pélerine, Iris pélerine
Personnage de Théâtre: Vénus pélerine, Iris pélerine, Sémiramis, Zaïre
Instruction morale: Vénus pélerine
Idéal pastorale: Vénus pélerine, la Villers, à la Belle Saison

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