"Ah bouger ! le grand mot est prononcé, il exprime le grand, le vrai désir, le fait incontestable, connu, éprouvé, la vérité certaine, sentie de tous : - Le colonial a sa maladie - c’est la bougeotte."^[1] .

Les militaires nommés en Chine ont en général une expérience d’expatriation assez courte qui ne dépasse pas les cinq ans. En Chine du Nord, les sous-officiers qui ne stationnent pas à l’intérieur de la ville de Tianjin arrivent d’abord seuls et ne sont rejoints par leur famille qu’au bout de quelques mois, après autorisation ministérielle. Quant aux autres, ils viennent le plus souvent accompagnés de leur famille. Malgré la variété de leurs fonctions, la plupart de ces militaires partagent une certaine expérience de la mobilité, plus ou moins riche, et un lien quasi identitaire les rattachant au mouvement et à la voie exploratrice.

Les expériences de voyages telles qu’elles sont visuellement narrées sous l’objectif d’André Bontemps offrent un récit des circulations des militaires français de Tianjin durant les années 1930. L’ensemble du fonds Bontemps témoigne d’une vie ponctuée par les allers et les venues, les arrivées et les départs, mais aussi les expéditions et les explorations. La plume de Roland Dorgelès, écrivain célèbre qui a immortalisé la traversée en mer de Marseille vers l'Indochine et la Chine dans Partir..., accompagne et illustre les impressions visuelles du voyage.