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Tianjin au temps des concessions étrangères sous l’objectif d’André Bontemps (1931-1935)

Un récit visuel entre micro et macro-histoire

Fleur Chabaille, Author

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Passages par Tanggu


Parmi les autres points d'ancrage militaires français de plus petite envergure éparpillés dans toute la Chine du Nord, Tanggu 塘沽 représente un lieu de passage que l'on aperçoit dans ces images prises d'un train par Bontemps en 1933. Après quelques vues centrées sur les voies de chemin de fer, on reconnait le lieu à ses nombreux marais salants, alimentés par des moulins qui élèvent l'eau de mer. Le sel récolté est la principale ressource de la ville. La majeure partie est utilisée sur place pour la fabrication de la soude. D'après L'Ancre de Chine, cette industrie, jointe à quelques industries secondaires comme celle des produits chimiques, emploie environ 3000 ouvriers dans les années 1930[1].

Historiquement, le port de Tanggu (1) (2) (3) (4) joue un rôle militaire stratégique puisqu'il constitue la voie d'entrée maritime principale en Chine du Nord vers la capitale. Voici la description imagée qu'en offre L'Ancre de Chine : "Au voyageur d'Europe, les yeux encore ravis par la vue fastueuse des belles escales qui jalonnèrent sa route, les rives de l'embouchure du Hai-Ho [Haihe 海河], au fond du golfe du Petchili [Zhili 直隸], offrent la désespérante monotonie d'une immense plaine nue, sans relief. Glaciale en hiver, torride en été, cette côte basse, imprégnée de sel, que ne couvre de ce fait aucune végétation, a été formée par l’apport ininterrompu des boues du Hai-Ho [Haihe 海河]. La teinte jaune sale de ces limons trouble la mer au large et leur dépôt sous forme de hauts fonds de vase rend difficile aux navires l’approche de la terre. C’est sur les rives de ce fleuve, à quelques milles de l’embouchure que se trouve Tongkou-Takou [Tanggu-Dagu 大沽], jadis une des portes militaires de Pékin, maintenant petite ville industrielle et avant-port commercial de Tianjin à laquelle il est relié par le Hai-Ho [Haihe 海河] (...), navigable en tous temps aux gros chalands, et par la voie ferrée Pékin-Moukden."[2].

Tanggu a été l'un des théâtres majeurs des combats de la deuxième guerre de l'Opium. C'est par ce port que les envoyés des gouvernements britannique et français arrivent en 1859 pour procéder à la ratification des traités de Tianjin conclus l'année précédente. Les navires font alors face à un barrage dont ils forcent le passage avant d'être la cible de tirs venant des forts de Dagu. Cette attaque qui entraîne des pertes importantes (quatre vaisseaux coulés et environ 500 hommes tués ou blessés) force les envoyés à se replier. Elle marque aussi le point de départ du deuxième volet de la guerre caractérisé par le lancement d'une expédition commune des Britanniques et des Français. Leurs troupes débarquent à Dagu le 30 juillet 1860 et occupent ses forts. La prise de Dagu est suivie de celle de Tianjin. Les 7 et 8 octobre a lieu le tristement célèbre pillage du Palais d'été (Yuanmingyuan 圓明園) qui culmine avec la destruction du domaine et de ses édifices les 18 et 19 octobre. C'est dans ce contexte que le gouvernement chinois ratifie, les 24 et 25 octobre, les Conventions de Beijing dont le contenu reprend les principales clauses du traité de Tianjin de 1858[3].

En tant qu'avant-port de Tianjin, Tanggu reste le point de stationnement de quelques postes militaires étrangers : "Ainsi que beaucoup de postes militaires réduits à présent aux seules occupations du train-train journalier dans une atmosphère calme et débonnaire, Tongkou [Tanggu] a connu ses heures de combat, de fièvre, de mort et d’héroïsme.
Visions du passé, regards en arrière vers ceux qui ont lutté et souffert sur ce rivage laid, où maintenant les coolies travaillent en paix, où les résidents de Tianjin vont chasser les lapins et les outardes et où les marins de nos avisos [à l’origine un navire de guerre, rapide et de faible tonnage, qui servait de liaison pour le commandement où à assurer les communications entre les divers bâtiments et la terre] de passage regrettent avec Loti les charmes du Japon."[4].

Officiellement autorisée par le Protocole de paix 1901 mettant fin à la révolte des Boxeurs, l’occupation militaire française de Tanggu qui déploie des effectifs de la Marine et de la Guerre vise à garder la voie ferrée pour assurer la libre circulation entre la mer et Beijing. Dans les années 1930, seule la 11ème Compagnie qui détache l’effectif des postes de Shanhaiguan 山海關 et Qinhuangdao 秦皇島 y stationne[5].
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