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Tianjin au temps des concessions étrangères sous l’objectif d’André Bontemps (1931-1935)

Un récit visuel entre micro et macro-histoire

Fleur Chabaille, Author

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L’Arsenal de l’Est : l’épicentre militaire de la Chine du Nord

Les circulations d’André Bontemps à travers la Chine sont d’abord et avant tout liées à son poste et à la communauté militaire dont il fait partie. Même s’il travaille au tribunal militaire situé dans la Concession française, il lui arrive souvent de se rendre à l’Arsenal de l’Est qui constitue le véritable point d’ancrage des militaires français de Chine du Nord. C’est là que se concentre la majeure partie des troupes stationnant en Chine du Nord. Ancien arsenal chinois construit sous l'impulsion du vice-roi du Zhili Li Hongzhang 李鴻章 (1823-1901) et situé à environ six kilomètres de Tianjin, il est relié à la Concession française par une route militaire[1].

L'histoire de la prise et de l'occupation de l'arsenal par les troupes françaises est racontée en détails dans L'Ancre de Chine
"Ce que fut cet Arsenal avant notre occupation, son nom l’indique : une fabrique d’armes et de munitions dont l’outillage et les ouvrages fortifiés qui le défendaient furent détruits en 1901 sur décision du Conseil des Généraux commandant les Forces Alliées, après la répression de la révolte des Boxers.
La porte Sud demeure le dernier souvenir de ces ouvrages. Elle dut séduire la pioche des démolisseurs qui laissèrent ainsi à l’Arsenal cette entrée pittoresque et pleine de couleur locale. 
Tous les bâtiments utilisables furent conservés et aménagés en casernements, écuries, hangars, magasins et même logements d’officiers et de sous-officiers. Cette installation, progressivement améliorée au cours des années d’occupation permet aujourd’hui aux troupes qui y sont stationnées d’y séjourner dans des conditions d’hygiène satisfaisantes.

La prise de l’Arsenal de l’Est par les Alliés, le 27 juin 1900 est à peine mentionnée dans la plupart des ouvrages relatifs à la campagne de Chine. Elle peut être cependant située dans la période la plus critique de la révolte Boxer. A la fin de juin, en effet, les forces alliées attendaient des renforts qui n’arrivaient pas ; une colonne commandée par l’Amiral Seymour ayant tenté d’aller secourir les Légations avait été contrainte de s’arrêter au tiers de la route de Pékin, privée de vivres et de munitions et les Alliés anxieux se demandaient s’ils pourraient tenir à Tientsin.

L’Arsenal de L’Est ou Grand Arsenal était, à ce moment-là, occupé par trois mille Chinois disposant de munitions et d’une artillerie perfectionnée (Canons Krupp). Ils tiraient sur les concessions européennes et pouvaient d’autre part interdire par leur feu soit le ravitaillement en vivres et munitions des alliés, soit leur mouvement éventuel de repli, en bombardant la voie ferrée et la route longeant le Pei-Ho [Haihe] jusqu’à Tongkou [Tanggu].
L’attaque de l’Arsenal commença le 27 au point du jour par un bombardement. L’assaut fut donné par l’infanterie à midi trente. Une heure après, l’objectif était atteint. Les Chinois laissaient 800 morts sur le terrain, abandonnant armes et munitions. Les troupes alliées qui avaient 45 hommes hors de combat rejoignirent Tientsin dans la soirée laissant un détachement russe pour garder la position conquise.
Les troupes russes continuèrent cette occupation, surveillant les destructions, jusqu’en septembre 1901, date à laquelle à la suite de négociations intervenues entre les deux gouvernements, l’Arsenal fut mis à la disposition des troupes françaises. Après l’assèchement des marécages et les travaux d’aménagement, la Portion Centrale et les 1ère, 2ème et 3ème compagnies du 16ème Régiment d’Infanterie Coloniale s’y installèrent le 5 mai 1903.
"[2]

Organisée comme une petite ville, la garnison comprend notamment plusieurs types de logements, une école, une société coopérative d’alimentation, un "Foyer du Soldat" équipé d’un cinéma, de salles de spectacle, de jeux et de lecture, des cercles d’officiers et de sous-officiers avec bibliothèques, une chapelle, un cimetière et une infirmerie dont Louis Sabattier dresse cette courte description en 1912 : "L'infirmerie est installée dans des bâtiments bien chinois, où l'on pénètre par une grande porte sur les battants de laquelle sont peints deux mandarins géants autant que rébarbatifs, chargés d'en interdire l'entrée aux mauvais esprits. Çà et là, de petites cours, de petits jardinets bien tranquilles et agréablement ombragés, à l'usage des convalescents."[3]. Tous ces éléments reconstituent aux yeux du militaire français un environnement familier qui s’inscrit comme un "prolongement de la Patrie lointaine", selon les mots de L’Ancre de Chine, et donne "l’impression de se retrouver dans un petit coin de province de France". Ce sentiment est renforcé par le fait que "c’est le seul endroit, la seule agglomération de la Chine du Nord où l’on ne soit pas obligé de s’exprimer en Anglais pour se faire comprendre. Tout le monde y parle notre belle langue, sans exception."[4].

Un village de commerçants chinois est par ailleurs placé sous la juridiction de l'arsenal. C'est sans doute ce village que l'on peut apercevoir entre des images de la Concession française, reconnaissable au passage du tramway, et quelques plans sur des militaires qui semblent se trouver à l'arsenal.

Bénéficiant d’une situation privilégiée d’un point de vue militaire, l’arsenal représente un centre important d’instruction militaire et sportive. La garnison possède de nombreux terrains d’exercice, ainsi que des champs de tir. Sur ces images, on peut voir des tirs d'artillerie sûrement effectués dans la campagne environnante de l'arsenal. Tous les ans, les écoles à feu du groupe mixte de Chine s'y entraînent. Le dernier jour de nombreux spectateurs viennent observer les tirs d'artillerie[5].  

En dehors des équipements et infrastructures militaires, l'arsenal est doté de stades et terrains de sports divers. C’est en effet à l'arsenal que se disputent chaque année les épreuves internationales d’athlétisme auxquelles participent les athlètes des nations représentées à Tianjin[6]

L'arsenal représente enfin un lieu de théâtralisation de la fonction militaire avec de fréquentes remises de décorations, ainsi que des revues de chars ou passages en revue de troupes(1), (2), (3) et (4).

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