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Historiographics

Un champ d'exploration pour des narrations alternatives à dominante visuelle

Cécile Armand, Author

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"Montrer malgré tout" : "Lire" la cinquième composition

Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre
(Exode, 20, 4)

Le point de départ de cette cinquième composition est une photo « invisible » de Li Huai - par invisible, je veux dire « immontrable » - ayant depuis longtemps atteint le quota de photos que l’artiste m’avait autorisée à publier (4 précisément). J’avais déjà dû en sacrifier bien d’autres, qui me tenais pourtant à cœur. Et je m'obstinais encore à vouloir en montrer une tout particulièrement. Mais que faire de cette image que je souhaitais « montrer malgré tout »1 ? Comment la donner à voir sans la montrer ? La représenter sans la présenter ? Hanté par le rêve d’un récit visuel, je ne pouvais me résigner à la décrire par des mots, simplement, puis à la commenter ou l’interpréter éventuellement. Plusieurs solutions s’offrait alors :
  • une mise en texte de la photographie : ce que j’appelais dans mon introduction à l’ensemble des compositions un « devenir-texte » de l’image, au risque de retomber dans la pure description verbale qu’il fallait éviter
  • la reconstituer avec mes propres images : (re) dessiner la photo, en la décomposant de manière à rendre saillants les éléments sur lesquels je souhaitais prendre appui
  • la décrire reconstituer avec d’autres images : ces images empruntées à d’autres - autres créateurs, autres lieux et autres temps. Des images qui évoqueraient cette photo, qui s’en rapprocheraient d’une manière ou d’une autre, par une logique d’associations et de correspondances, de renvois et de citations visuels, d’effets d’échos ou de jeux de miroirs, qu'il appartiendrait au « lecteur » de retracer. Des images que j’aurais arrachées sans vergogne à leur contexte d’origine, sans même parfois mentionner la source - péché capital pour une historienne ! Mais nécessaire peut-être pour éviter toute contamination référentielle… et racheté par un affichage facultatif des sources, qui demeureraient cachées jusqu’à ce que le lecteur ait épuisé son propre potentiel d’interprétation et d’imagination face au-vis-vis sans mots que je lui proposerais. Ainsi extraites et comme abstraites - au sens propre et au sens figuré - de leur matrice, je les auraient transplantées dans ma propre composition à la manière d’une greffe. Une fois implantées de ce nouvel environnement, ces images deviendraient alors autres, prendraient une toute autre coloration, et pourraient à leur tour donner corps à l’immontrable image. A la limite, ces associations pourraient également inclure des fragments de texte.
Je songeais immédiatement à plusieurs fragments d'images et de textes, avant que d’autres ne viennent ensuite à ma rencontre. Au lecteur de les découvrir en explorant s'il ne l'a déjà fait le volet purement « visuel » de cette composition...


Références convoquées (malgré tout, malgré moi)

Édouard Manet, Le Déjeuner sur l’herbe, 1863
Pierre-Auguste Renoir, Le Déjeuner des Canotiers, 1880-1881
Alain Resnais, Nuit et brouillard, 1955 (texte de Jean Cayrol dit par Michel Bouquet)
Claude Simon, L’herbe, Éditions de Minuit, 1958

1 Clin d'oeil à George Didi-Huberman, Images malgré tout, 2003, qui fait précisément référence aux camps de la mort, que j'associe également à cette photographie.




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Composition 5 (d'après Li Huai) - Période verte (8 January 2014)
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Discussion of "'Montrer malgré tout' : 'Lire' la cinquième composition"

Test des fonctions "Annotation" et "Comment"

Pour ma cinquième composition historiographique, j'ai opté pour une structure duale qui m'a permis expérimenter deux nouvelles fonctions de Scalar : "Annotation" et "Comment". Ces fonctionnalités offrent à mon avis des possibilités intéressantes en termes de récit visuel - précisément pour articuler les textes et les images.

Pour cette cinquième composition, j'ai en effet choisi d'écrire une première page purement visuelle, en utilisant la vue "media emphasis", que j'ai pleinement intégrée au "path" tracé par les quatre premières compositions, d'un côté ; de l'autre, j'ai créé séparément une page entièrement textuelle pour expliciter le projet et la méthode adoptée, séparée de la composition afin d'éviter toute contamination verbale des images. Les deux pages ont été reliées ensuite par la fonction "comment" : la page "textuelle" se voyant assigner le statut de commentaire de la page visuelle, et donc pas pleinement au path.

J'exagère peut-être en affirmant que la page visuelle l'est entièrement : je dois reconnaître qu'elle intègre malgré tout du texte sous forme "d'annotation". Mais cette dualité interne m'a justement permis d'expérimenter cette fonction "d'annotation" : j'y vois une possibilité intéressante de mise en relations du texte et de l'image. Plusieurs annotations distinctes et séparées peuvent être associées à une même image. Leur positionnement spatial par rapport à l'image peut être négocié en indiquant les abscisses et les ordonnées. Leur affichage, enfin, est facultatif. Dans cette cinquième composition, mes annotations donnent des indices pour retracer et comprendre les logiques et les inclinations qui m'ont poussé à associer telles ou telles images ou textes, mais ne peuvent être développées qu'à la demande du lecteur. Il peut ainsi choisir de ne les faire apparaître que lorsqu'il a épuisé tout son potentiel d'interprétation et d'imagination.

Posted on 8 January 2014, 8:37 pm by Cécile Armand  |  Permalink

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