Une petite France à Tianjin
Tout semble évoquer le dépaysement au voyageur fraîchement débarqué dans une Chine à l’altérité si prégnante qu’il tente d’appréhender et de décrypter à partir des représentations de son propre milieu culturel. Il se trouve cependant confronté dans cet élan à de nombreuses limites (linguistiques, spatiales, culturelles) que permet de pallier la (re)constitution d'une communauté régie par l'entre soi et la différenciation vis-à-vis des autres nationalités présentes dans le pays.
Bien que Bontemps ne dévoile que de petits fragments de son séjour de quatre ans, l'exploration de son fonds visuel permet d’analyser l'organisation du quotidien des familles militaires françaises à Tianjin. On ne peut en effet parler de communauté française au sens large du terme puisque ces militaires ne sont envoyés que pour un séjour temporaire et restent sous la tutelle constante de leur profession. Il est par exemple frappant de constater la similarité des excursions et des itinéraires de voyage des différents expatriés militaires français. Plus que des espaces de transition et d’adaptation, leurs ancrages correspondent soit à des lieux de résidence confinés, soit à des "passages obligés" autour desquels ils naviguent de manière quasi exclusive.
Bien que Bontemps ne dévoile que de petits fragments de son séjour de quatre ans, l'exploration de son fonds visuel permet d’analyser l'organisation du quotidien des familles militaires françaises à Tianjin. On ne peut en effet parler de communauté française au sens large du terme puisque ces militaires ne sont envoyés que pour un séjour temporaire et restent sous la tutelle constante de leur profession. Il est par exemple frappant de constater la similarité des excursions et des itinéraires de voyage des différents expatriés militaires français. Plus que des espaces de transition et d’adaptation, leurs ancrages correspondent soit à des lieux de résidence confinés, soit à des "passages obligés" autour desquels ils naviguent de manière quasi exclusive.
Malgré la curiosité vis-à-vis du pays dans lequel ils séjournent et pour lequel certains semblent témoigner un vif intérêt, les expatriés français cherchent à retrouver et donc à recréer l’atmosphère de leur pays d’origine. Ceci est une constante que l’on observe à toute époque et dans toute société. Les concessions représentent cependant un cadre particulier dans lequel les liens de solidarité nationaux et professionnels sont renforcés par le décuplement de la concurrence internationale.
Les ports ouverts au sein desquels s’établissent les militaires français s’apparentent à des enclaves cosmopolites où se côtoient de nombreuses nationalités. Dans bien des domaines, celui du commerce, de l’éducation, du sport notamment, les nations présentes à Tianjin se muent dans une atmosphère d’émulation réciproque. Il suffit d’imaginer une ville abritant un microcosme des principales puissances européennes de l’époque pour se représenter la complexité des règles de cohabitation. Les militaires français affectés en Chine s’inscrivent dans le cadre d’une communauté restreinte pour laquelle la solidarité et le vivre ensemble constituent davantage un impératif et une nécessité qu’une véritable volonté associative et inclusive. Face à l’univers cosmopolite "imposé" des concessions, les expatriés militaires français se réunissent, voire se réfugient au sein d’une sociabilité destinée à préserver et perpétuer leur lien communautaire. L’analyse des conditions de vie des militaires français expatriés en Chine révèle des activités et des loisirs qui gravitent presque uniquement autour de la communauté militaire. Celle-ci s’inscrit ainsi comme le repère et la boussole d’un séjour programmé.
Le fonds Bontemps et la revue L’Ancre de Chine nous aident à entreprendre la difficile reconstitution de cette forme de médiation encadrée. Grâce au croisement de ces deux sources, on peut restituer en partie le quotidien des militaires et les formes de sociabilité qui régissent, structurent et cimentent leur vivre ensemble.
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