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Tianjin au temps des concessions étrangères sous l’objectif d’André Bontemps (1931-1935)

Un récit visuel entre micro et macro-histoire

Fleur Chabaille, Author

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L'après Chine et le souvenir nostalgique


"Pour nous Français Tientsin enfin doit être autre chose qu’une ville quelconque et anonyme de la Chine. De nombreux souvenirs nous attachent en effet à ces lieux où notre pavillon flotte depuis plus de soixante dix ans déjà. (...)
C’est d’ailleurs à cette façade de Tientsin, façade aussi grise que son ciel certains soirs de vent jaune, qu’il faut attribuer l’impression de tristesse et de désenchantement qui bien souvent saisit le nouvel arrivant lors de son premier contact avec Tientsin.
Et, c’est cette façade qu’il faut absolument percer si l’on veut voir Tientsin sous son véritable aspect c’est-à-dire non pas celui d’un mortel petit trou de province mais d’une grande, très grande ville chinoise et internationale qui vaut la peine d’être connue et peut-être même... regrettée.
"[1].

Le culte du souvenir d’une expérience jugée exceptionnelle par ses protagonistes constitue une dimension essentielle de la fonction tutélaire exercée par la communauté militaire. L’Ancre de Chine apparaît comme un outil de cohésion, témoignage vivant d’une solidarité nationale et communautaire. Malgré une expérience ambivalente et incomplète de la Chine, les militaires parviennent à tisser des relations profondes et durables, même après leur retour en France : "Dans notre Armée qui demeure aujourd'hui l’un des refuges les plus sûrs de l’honneur, nos Troupes Coloniales sont conduites par leur éparpillement dans notre vaste domaine d’outre-mer et leur isolement périodique de la Mère Patrie à donner leurs sentiments de solidarité d’arme un sens plus précis, une force plus cohérente. C’est ce qui confère à notre esprit de camaraderie coloniale ce caractère de dévouement fait de sympathie et de bonté agissante qui trouve son germe dans les difficultés communes rencontrées au loin ou dans le sein du danger lui-même."[2].

Pour les Bontemps, le lien n’est de fait jamais vraiment coupé avec la Chine. A leur retour en France, ils s’installent d'abord à Marseille, mais leur maison est détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec les indemnités qui leur sont versées, ils achètent ensuite un appartement à La Seyne-sur-mer dans le Var. Ils résident à proximité, dans un rayon de dix kilomètres, des autres familles militaires amies rencontrées à Tianjin. Les anciens militaires de Chine se réunissent une fois par semaine pour jouer à la canasta et au bridge ou ponctuellement pour partager un repas (au dos : Bontemps a inscrit le nom des personnes présentes). Par leurs fréquentes rencontres, ces "anciens" de Tianjin perpétuent une solidarité communautaire qui survit à leur expérience de Chine, comme si celle-ci représentait à elle seule le marqueur d’une sociabilité et d’une identité à part, ce dont témoigne l’appellation de leur groupe : "Le Club des Chinois" (au dos : Bontemps a inscrit le nom des personnes présentes).
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