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Tianjin au temps des concessions étrangères sous l’objectif d’André Bontemps (1931-1935)

Un récit visuel entre micro et macro-histoire

Fleur Chabaille, Author

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Shanghai (21/02/1931) : Septième escale

A Shanghai, la courte escale laisse le temps à la famille Bontemps de se rendre dans la Concession française et d'apercevoir les établissements phares de cette dernière. C'est ensuite à bord d'un autre bateau, le "Feng-Tien" que la traversée se poursuit en direction de Tianjin.

Louis Sabattier décrit sa propre expérience sur ce même navire vingt ans plus tôt :
"Pressé de voir la capitale, je me suis embarqué sur un des petits vapeurs qui font le service de Tien Tsin et qui, en moins de trois jours, en touchant à Oueï Haï Oueï [Weihaiwei] et à Tché Pou [Zhifu], où nous sont apparus de nouveau des croiseurs étrangers, nous a amenés à Ta Kou [Dagu], à l'embouchure du Peï Ho [Haihe]. Là nous devions subir un bon coup de vent, un demi-typhon, qui nous a empêchés de franchir la barre, dont le chenal est très étroit. Après avoir fortement dansé pendant vingt-huit heures, nous avons pu passer à la troisième marée et gagner Tien Tsin [Tianjin] après six heures de navigation sur le fleuve sinueux.

Ah! ce Peï Ho [Haihe] ! Une eau limoneuse, épaisse et lourde qui va salir la mer jusqu'à 20 ou 30 milles au large de l'embouchure, et qui, tourmentée par la bourrasque, a l'air d'une coulée de glaise liquide.

Le long des berges, incessamment rongées par la vague qui nous suit, se succèdent les villages aux maisons en torchis de boue et de paille, dont quelques-unes, peu à peu, retombent par morceaux dans le fleuve qui en a fourni la matière et dont elles ont la couleur. Quand elles sont tout à fait dévorées par le courant, on les reconstruit (ce n'est pas la place qui manque) en arrière des autres, qui sont, à leur tour, appelées à disparaître. Le paysage, à perte de vue, n'est qu'une vaste nappe de verdure d'un vert tendre à faire pleurer.

D'ailleurs, ce n'est pas beau, beau. De nombreuses jonques circulent sur cette boue mouvante où nous flottons nous-mêmes. Elles ont beaucoup de caractère et leur aspect barbare, un peu théâtral, est des plus impressionnants.

Notre bateau, le Feng-Tien, monté par un équipage chinois et commandé par des officiers anglais, transportait, outre ses passagers européens, une grande quantité de Chinois parqués dans le faux pont. Nous avons eu, grâce à eux, un avant-goût des parfums de Pékin. Rien d'enivrant, je vous assure. Mais quel grouillement, quelles têtes, quelle couleur! Pendant le coup de vent que nous avons essuyé devant Ta Kou [Dagu], ces malheureux n'en menaient pas large; leur faux pont à claire-voie était, à chaque instant, balayé par les lames; l'eau, embarquant plus rapidement qu'elle ne s'écoulait, roulait constamment d'un bord à l'autre, comme dans un tonneau qu'on rince. Et, malgré que nous ne fussions pas, non plus, sur un lit de roses, nous ne pouvions nous empêcher de plaindre ces pauvres gens."[1].

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