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Tianjin au temps des concessions étrangères sous l’objectif d’André Bontemps (1931-1935)

Un récit visuel entre micro et macro-histoire

Fleur Chabaille, Author
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La presse : un organe de diffusion et de rassemblement

Seule revue illustrée en français à être publiée en Chine, L’Ancre de Chine incarne parfaitement l'entreprise fédératrice des militaires français expatriés. Son principal objectif consiste à rapprocher les troupes françaises de Chine en les tenant informées des événements plus ou moins proches. S’adressant aux militaires, elle est définie par ses rédacteurs comme un "journal d’union qui tend surtout à resserrer nos liens de camaraderie" et "une expression si modeste soit-elle de notre rayonnement français dans cette partie si lointaine de l’Extrême-Orient"[1]. Cet organe de liaison vise à diffuser des informations et données diverses pour décloisonner les différents postes éparpillés en Chine et mieux les articuler ensemble[2]. Le but revendiqué est de : "Nous renseigner réciproquement, au point de vue documentaire et militaire, souder nos liens et en définitive intensifier dans l’éloignement où nous sommes de la métropole ces sentiments de camaraderie d’arme qui nous font si utilement serrer les coudes quand retentit la “marsouille” dans une sphère lointaine."[3].

A ces fonctions de liaison entre les différents postes de Chine, s’ajoute une vocation instructive, tant du point de vue professionnel que du point de vue privé. Elle revêt d'abord une dimension politique, comme le dévoile cet appel à contribution lancé par la revue à ses débuts : "Adressez-nous aussi le fruit de vos études afin que l'Ancre puisse non seulement vous faire voir la Chine de 1934 en touriste mais aussi vous rappeler ces pages d’épopée coloniale que fut notre occupation et faire oeuvre utile en montrant à ses lecteurs les raisons - militaires, politiques ou économiques - de notre présence en Chine."[4]. Elle s’articule également autour de récits militaires, d’études tactiques ou techniques, de renseignements administratifs divers, mais aussi de conseils plus pratiques sur la vie quotidienne en Chine[5]. Plusieurs chroniques sont consacrées à la présentation des conditions de vie en Chine. Elles témoignent de la vocation médiatrice de la revue, et plus généralement de la communauté militaire, dans l’insertion et l’adaptation du voyageur à son nouvel environnement. Comme dans un vade-mecum, on peut y lire des conseils sur l’habillement à prévoir. Par exemple, les militaires sont invités à apporter des tenues de soirée indispensables pour prendre part à la vie mondaine active des concessions étrangères. D'autres renseignements sont donnés sur leur installation matérielle : les conditions de logement, d’ameublement, la domesticité, l’alimentation et les distractions. Enfin, de nombreuses recommandations concernent la santé et les conditions d’hygiène à travers des bilans réguliers établis par des médecins de l’armée sur les maladies les plus répandues en Chine et les moyens de les éviter[6]

Lorsque le voyageur foule le sol chinois pour la première fois, il est donc informé et préparé à ses nouvelles conditions de vie. Il s’inscrit de surcroît dans un cadre familier qui en atténuant, voire en effaçant le sentiment de débarquer en terre inconnue, lui sert d’espace de transition.


La revue possède enfin un dessein non avoué que l’on peut lire entre les lignes, celui de capturer ces trajectoires hors du commun pour les graver dans une certaine postérité. On partage cette même impression à la vue des photographies et des films d’André Bontemps. Ce dernier paraît conscient de vivre une expérience exceptionnelle qu’il veut immortaliser à l’aide de ses différents appareils. Dans la revue, on exalte l’appartenance à une même communauté et la volonté de collection des revues comme un témoignage de cette identité et de ces années passées en Chine. Cet impératif de conservation pérenne et de transmission est matérialisé par les différentes couvertures de la revue, parfois uniquement réalisées pour un seul numéro (1), (2), (3). Il est également exprimé à travers ces quelques lignes, tirées du premier numéro datant de 1934, évoquant "une revue coloniale et militaire (...) parmi celles que l’on conserve comme un recueil de souvenirs vécus rendus plus vivants par l’image" dont l’existence même représente le témoignage de son expérience de voyage : "Et quand les années auront fui, nous rapprochant du soir de la vie, c’est avec émotion et plaisir à la fois que nous revivrons cette étape de notre carrière en Extrême Orient en relisant nos 'vieilles Ancres'."[7].
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