Entre micro et macro-histoire
L'histoire des concessions étrangères en Chine tend à être enfermée dans des analyses très générales tirées de sources émanant principalement de personnages des hautes sphères. Quelle place accorder alors aux trajectoires individuelles ? Le fonds Bontemps montre à quel point le destin particulier d'un individu peut éclairer les caractéristiques du monde qui l'entoure. Il offre une petite lucarne par laquelle observer certaines activités quotidiennes à Tianjin, tout en livrant un témoignage involontaire sur certains événements historiques de plus grande ampleur.
Ce regard croisé qui mêle des captures du quotidien au témoignage historique appelle à une superposition des échelles d'étude. Dans ce récit personnel, la macro-histoire apparaît sous le prisme d'une lecture micro. En cela, sa reconstitution s’inscrit pleinement dans la réflexion menée par Jacques Revel sur l’apport du jeu constant entre les échelles d’analyse : "deux positions essentielles s'esquissent entre nous, quant aux rapports entre approches micro et macro-analytique. La première (...) voit dans le principe de variation d'échelle une ressource d'une exceptionnelle fécondité, parce qu'elle rend possible la construction d'objets complexes et donc la prise en compte de la structure feuilletée du social. Elle pose du même coup qu'aucune échelle n'a de privilège sur une autre, puisque c'est leur mise en regard qui procure le plus fort bénéfice analytique."[1].
Ce regard croisé qui mêle des captures du quotidien au témoignage historique appelle à une superposition des échelles d'étude. Dans ce récit personnel, la macro-histoire apparaît sous le prisme d'une lecture micro. En cela, sa reconstitution s’inscrit pleinement dans la réflexion menée par Jacques Revel sur l’apport du jeu constant entre les échelles d’analyse : "deux positions essentielles s'esquissent entre nous, quant aux rapports entre approches micro et macro-analytique. La première (...) voit dans le principe de variation d'échelle une ressource d'une exceptionnelle fécondité, parce qu'elle rend possible la construction d'objets complexes et donc la prise en compte de la structure feuilletée du social. Elle pose du même coup qu'aucune échelle n'a de privilège sur une autre, puisque c'est leur mise en regard qui procure le plus fort bénéfice analytique."[1].
La perspective d'une micro-histoire au service d'une macro-histoire est ici privilégiée. Elle se distingue de l'histoire locale qui n’a d’autres finalités que de décrire le lieu étudié pour lui-même. Les faits qu’elle établit sont pertinents à l’échelle de cette localité, mais pas forcément à d’autres échelles. L’objectif de la micro-histoire est de saisir le local en tant que cas d'étude propice à une montée en généralité. Sa démarche consiste à établir des points de connexion entre micro et macro-histoire afin de relier des aspects locaux à des processus nationaux et internationaux. Ce travail minutieux et exigeant est parfaitement résumé par l'historien Carlo Ginzburg, représentant emblématique de la micro-histoire : "La marque de la microhistoire, c'est le préfixe micro, qui ne se rattache pas aux dimensions de l'objet, mais à l'analyse (le microscope). Il s'agit d'être conscient de l'échelle des phénomènes."[2].
A travers le regard et le point de vue de Bontemps ancrés dans une perspective micro, l'alternance des échelles d'analyse permet de dégager des éléments de compréhension d'une macro-histoire. L'observation du quotidien saisi par Bontemps sert donc non seulement à compléter une histoire sociale des concessions, mais également à contextualiser des événements majeurs survenus au début des années 1930 à Tianjin et en Chine du Nord (principalement Shanhaiguan 山海關). Parmi les aspects les plus saillants du quotidien, Bontemps s'attarde plus particulièrement sur les pratiques funéraires, les activités marchandes, les activités sportives et de loisir, ainsi que les parades militaires qui structurent et animent la vie des concessions. Celles-ci sont à mettre en lien avec les bouleversements marquants de l'époque, et plus particulièrement les troubles de novembre 1931 entre Chinois et Japonais, ainsi que d'autres étapes de la progression militaire japonaise en Chine du Nord. Dans un autre registre, la Croisière Jaune dont le passage à Tianjin fait l'objet d'un film de Bontemps constitue une épopée qui marque l'esprit de ses contemporains.
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