Simon-Germain Millet, Histoire de la Sainte-Larme (1633), ed. Charles Métais (Avignon, 1891), Description of the Holy Tear Shrine, pp. 34-36.
Chapitre X
DESCRIPTION DU SANCTUAIRE AUQUEL EST CONSERVEE LA SAINCTE LARME DE NOTRE SAVEUR JESUS-CHRIST, EN L'ABBAYE DE VENDOSME
Ce sanctuaire est une niche proche du grand autel de l'église, au costé de l'évangile, assez creuse et profonde. Dans cette profondeur, il y a une fenestre ou armoire quarrée, un peu plus haute que large, dans laquelle est conservée la Saincte Larme en ses vases d'or que nous spécifierons cy après. Cette niche est haulte de huict pieds, relevée d'un couronnement de pareille hauteur de 8 pieds, qui est forme tringulaire. La niche est portée sur deux colonnes, enrichies de leurs chapiteaux, autour desquels, comme aussi des colonnes, se voyent plusieurs figures et images de roys, princes et seigneurs, en relief.
Or, pour monstrer que ce lieu a esté construict à dessein d'y mettre la Ste Larme de Notre Seigneur, c'est que dans la profondeur de la niche, au dessus des portes de la fenestre susdite, est représentée en figures de relief l'histoire de la résurrection du Lazare, où se veoit Notre Seigneur plorant, et un ange en l'air qui d'une main reçoit la Saincte Larme coulant de ses yeux, et de l'autre main la donne à la Magdeleine, dans les petits vases esquelz on la voit, lesquels nous avons specifiez cy dessus au chap. 4. Dessous l'arc de la niche représenté le banquet du pharisien qui invita Notre Seigneur a disner, où la Madgeleine (35) se voit iectée à ses pieds, comme il est escript en S. Luc, chap. 7. Au dessus de la niche aux deux coings du triangle qui fait le couronnement, il y a deux anges, l'un desquelz tient la figure de la croix de Notre Seigneur avec les deux mains, l'autre tient en la main droicte la couronne d'espines et en la gauche la colonne, sur la poincte d'en haut est l'image d'un chérubin derrière lequel se veoit une belle pyramide, qui décore grandement tout l'ouvrage. Sur la face du triangle ou couronnement se voyent relevéez en bosse troys rangs d'images et histoires taillées à l'antique, mais d'un artifice admirable. Le premier repésente le retour de Geoffroy Martel de Constantinoble en France, le second est la figure de la résurrection générale de tous les hommes, le troisiesme représente le jugement dernier. Ces 2 icy ne faisant rien à notre propos, ie reviens au premier qui est au bas du triangle sur le rond de la niche.
Là se veoit représenté comme iay dict, le retour du comte Geoffroy Martel de Constantinoble à Vendosme, et comment il en rapporte le Saincte Larme, on veoit en ceste représentation plusieurs figures d’hommes tant de pied que de cheval, tous en relief, quelques uns de ceux de cheval portent la Saincte Larme en une petite quaisse, et sur le coin de la niche au dessus du chapiteau plus proche du choeur, se veoit représenté le comte Geoffroy descendu du cheval, et l’abbé qui luy vient au devant à la porte de l’église accompagné de ses religieux avec la croix, l’encens et l’eu bénite, et reçoit de ses mains la Saincte Larme. Il n’est pas jusques au son des cloches, qu’on n’ait tasché de représenter, pour montrer la grande allégresse avec laquelle se fit ceste réception. Car on veoit là un clocher représenté avec des cloches comme branlantes, et des personnes en bas que semblent les tirer. Bref, tout ce qu’on pourroit lire en un titre escript sur du parchemin, est la représenté en figures, et le tout si naïvement que, comme l’on dict vulgairement, il ny manque que la parole.
Quant à l'antiquité de ceste représentation, il est aisé à veoir (36) qu'elle est semblable à celle de la fondation de l'abbaye, qui est de cinq cens nonante trois ans, et que ça esté le fondateur mesme Geoffroy Martel qui la faict faire, comme celuy qui le pouvoit mieux que tout aultre, en estant le principal personnage, car il ny a sculpteur, ny autre personne qui ait tant peu que ce soit de cognoissance de l'antiquité qui ne juge que ces figures là n'ont pas moins de temps que celuy que nous venons de dire.
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Chapter X
DESCRIPTION OF THE SANCTUARY IN WHICH THE HOLY TEAR OF OUR SAVIOUR JESUS CHRIST IS CONSERVED, IN THE ABBEY OF VENDOME.
This sanctuary is a niche close to the high altar of the church, on the side of the Evangelist, rather sunken and deep. In this depth, there is a square window or armoire, a little higher than wide, in which is conserved the Holy Tear in its vases of gold that we will discuss later. This niche is 8 feet high, raised up by a crowning also 8 feet, which is in a triangular form. The niche is carried on two columns, enriched by their capitals, around which, as also the columns, many figures and images of kings, princes and lords, are seen in relief.
Now, for showing that this place has been constructed by design to place the Holy Tear there, in the depth of this niche, above the doors of the above-mentioned window, is represented in relief the history of the resurrection of Lazare, when Our Lord is seen weeping, and an angel in the air who with one hand receives the Holy Tear flowing from his eyes, and from the other hand, gives it to the Magdalene in the small vase, which we have spoken on in chapter 4. Below, the arc of the niche represents the banquet of the Pharisees who invited Our Lord to dinner, when the Magdalene is seen throwing herself at his feet, as it is written in St. Luke, chapter 7. Above the niche at the two corners of the triangle which makes the crowning, there are two angels, one of which takes the figure of the cross of Our Lord in two hands; the other holds in the right hand the crown of thorns, and in the left, the column, on the point up high is the image of a cherub behind which one sees a beautiful pyramid, which grandly decorated the entire work.On the face of the triangle, or crowning, is rendered en bosse three levels of images and histories formed in times passed, but of an admirable artistry. The first represents the return of Geoffrey Martel from Constantinople to France, the second is the figure of the resurrection of all men, the third represents the Last Judgment. These two here do nothing to our topic, I return to the first which is at the base of the triangle on the arc of the niche.
There one sees represented as I said, the return of the count Geoffroy Martel from Constantinople to Vendôme, and how in returning the Holy Tear, once sees in this representation several male figures, some on foot, some on horseback all en relief, some of the mounted ones carry the Holy Tear in a small case, and on the corner of the niche above the capital closest to the choir, one sees represented the count Geoffrey dismounting from the horse, and the abbey who greets him in front of the church door, accompanied by his monks with the cross, incense and holy water, and receives in his hands the Holy Tear. One even represents the sound of the bells, for showing the great joy with which this reception was done. Because we see there a bell tower represented with bells as if shaking, and people at the bottom who seem to be pulling them. In short, everything that one could read in a title written on parchment, is represented there in figures, and all so naively that, as they commonly say, all that is missing is the word.
As for the antiquity of this representation, it is easy to see that this is seemingly that of the foundation of the abbey, which is from five hundred ninety three years ago, and that this was the founder Geoffrey Martel who had it made, as he was the one who could have done it best that any other, in being the principal figure, because there was no sculptor, nor other person who had any sort of recognition of antiquity who only judged these figures there have less of time of which we are going to say.