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Historiographics

Un champ d'exploration pour des narrations alternatives à dominante visuelle

Cécile Armand, Author

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Mutimedia History - Saison 4/Episode 4 : Des sources au(x) récit(s) : de la base de données à l'interface numérique

Cette question habite les productions qui reposent sur sur la construction d'une "base de données" numérique, accessible sur le web, conçue tantôt comme une œuvre en soi, tantôt comme la matière première à retravailler ou le réservoir où vient puiser le récit à venir. Dans la mesure où la "base de données" (de sources) ne fait pas récit, où elle ne génère pas automatiquement le récit* - de même que les sources "brutes" ne font pas (l')histoire, qu'il ne suffit pas d'accumuler des documents pour qu'il y ait histoire(s), que l'historien doit retravailler ces sources pour produire le récit qui en fournit une interprétation - trois questions se posent qui touchent à l'organisation de la base, aux modalités de collecte, de structuration et de "sémantique" des sources historiques :
  • comment passer des sources au récit historique, des raw data (données "brutes") aux cooked data (données "cuisinées"), pour reprendre la récente métaphore de Lisa Gitelman, de la base de données à l'interface numérique qui sert de medium à la narration et la navigation ?
  • comment articuler les différentes composantes du récit (historique) : données-sources et métadonnées ; images, mots, sons éventuels ; images fixes et mouvantes ?
  • comment passer du fragment à la totalité, du document isolé à son contexte, à la fois celui la base de données, du cadre spatio-temporel de ses productions, circulations et réceptions, et du récit qui tente de mettre en relations et donner de la cohérence à ces sources éparses ?
Deux exemples "d'oeuvres-bases" ont été cités, mais l'on peut revenir sur les caractéristiques propres du projet Life in a Day, déjà mentionné dans le deuxième épisode de cette série.

Dans cette base, l'image serait un fragment élémentaire une sorte d'atome - la plus petite unité de la base. Les données sont sélectionnées, décontextualisées et "objectivées" pour produire cet effet d'universalité - qui tranche radicalement avec la démarche et les exigences de l'historien, qui s'efforce de contextualiser ses sources et de révéler l'historicité des phénomènes. Mais le projet Life in A Day implique dans un second temps un travail de (re)composition - d'assemblage d'images. Une image posée comme représentative est d'abord choisie dans l'ensemble de la base, puis le processus de sélection se poursuit selon la logique de l'entonnoir, à partir d'un mot clé, qui présuppose une "taxonimisation" rigoureuse des images au préalable. Les modalités d'actualisation de la base de données et donc de narration sont nombreuses, il existe une grande diversité de combinaisons possibles, à partir de trois critères de variation :
  • mode de production des données : ils sont très divers également, les données peuvent avoir ont une origine unique car l'artiste est unique ; les données elles-mêmes peuvent être être uniques ; leur mode de captation peut enfin être uniques
  • type de récit généré : récit linéaire, récit fragmenté (hypermédia à caractère narratifs) ; effets de récit ou soupçons de récit (Sourkes) : effet de présence de récit qui n'est jamais là ; non récit (se donne comme dénué de récit, s'affirme comme tel)
  • modalités d'agencement des unités narratives : logiciel standard, programme informatique à scénario contrôlé ; sélection aléatoire générée par un ordinateur (comme l'a expérimenté Grégory Chatonsky, par exemple)
* Même s'il faudrait s'interroger sur les possibilités d'une historiographie algorithmique, à rapprocher de l'e-poetry ou de la littérature électronique, et héritière peut-être des expériences d'écriture automatique menées par les surréalistes au début du XXe siècle. Réfléchir à la place de l'aléatoire dans la narration historique : envisager les possibilités de générer "automatiquement" notre récit visuel par la sélection et la combinaison aléatoire d'images puisées dans la base de données ?
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