Sign in or register
for additional privileges

Tianjin au temps des concessions étrangères sous l’objectif d’André Bontemps (1931-1935)

Un récit visuel entre micro et macro-histoire

Fleur Chabaille, Author
Previous page on path     Next page on path

 

You appear to be using an older verion of Internet Explorer. For the best experience please upgrade your IE version or switch to a another web browser.

Les forces terrestres

Octroyées suite à la signature des traités de Nanjing (1842) et de Tianjin (fixé en 1858 et ratifié lors de la Convention de Beijing en 1860), les concessions deviennent de véritables enclaves louées et administrées par quelques puissances étrangères. Elles constituent des lieux de passage, mais aussi de contacts et de cohabitations entre de nombreuses nationalités. La France en compte quatre : deux principales situées à Shanghai et Tianjin, deux plus secondaires à Hankou (partie de l’actuelle Wuhan) et Guangzhou.

Suite aux deux guerres de l’Opium et surtout après la révolte des Boxeurs en 1900-1901, les Français intensifient leur présence militaire en Chine afin de protéger leurs concessions et leurs intérêts commerciaux. Les garnisons ne peuvent être stationnées qu’en des lieux précis déterminés par les traités signés entre les Puissances et l’Empire du milieu. En Chine du Nord, les garnisons principales se situent à Tianjin et à Beijing. On trouve également des postes secondaires à Tanggu 塘沽, Shanhaiguan 山海關 et Qinhuangdao 秦皇島. En Chine du Sud, la garnison principale est postée à Shanghai, tandis que des postes secondaires occupent les villes de Hankou et Guangzhou (plus exactement l’île de Shamian 沙面島).


Les militaires français présents en Chine appartiennent tous aux troupes coloniales. Celles-ci avaient initialement été créées sous le nom de « Compagnies ordinaires de la mer » par le cardinal Richelieu en 1622 et étaient rattachées au ministère de la Marine. Le 7 juillet 1900, elles sont versées au ministère de la Guerre dans les troupes coloniales tout en restant distinctes des troupes de l’Armée métropolitaine[1]. Ces troupes sont principalement composées de l’infanterie coloniale et de l’artillerie coloniale dont les membres sont respectivement surnommés « Marsouins » et « Bigors ».

L’origine de ces surnoms est ancienne et leur usage généralisé a fait quelque peu oublier leur histoire. Les Marsouins auraient été appelés ainsi en raison de l’évolution de leurs fonctions. Peu à peu démis de leur responsabilité de défense du bateau qu’ils occupaient et ne devenant finalement plus que des passagers, les matelots auraient pris l’habitude de les comparer aux cétacés des grands océans qui se contentent de suivre les navires[2]. Concernant les Bigors, plusieurs interprétations existent. La première serait également liée à un changement de leurs attributions. Cela correspondrait au moment où ils ont quitté le service des canons du bord pour s’occuper des batteries sur terre. L’appellation « bigors » serait ainsi un diminutif de « bigorneaux » faisant référence au stationnement de ces derniers sur leur rocher. Une autre explication voudrait voir un lien entre le surnom et le commandement de « Bigue dehors ! » précédant l’ouverture du feu des canons[3]. Une autre encore, donnée par L’Ancre de Chine, identifie l’apparition de cette appellation en 1813 lorsque l’artillerie de marine est passée au département de la Guerre, changement qui s’est accompagné de la constitution de deux brigades d’infanterie. L’étonnement suscité par le port du bicorne chez ces brigades aurait donné le nom de « bicorneaux » puis de « bigorneaux » et enfin de « bigors »[4].

Les couvertures de 1934 et de 1935-36 de la revue L’Ancre de Chine montrent une carte de Chine qui localise assez grossièrement les positions des troupes françaises, ainsi qu’un militaire portant l’uniforme du « Marsouin ». Un deuxième militaire qui possède les attributs du « Bigor » apparaît sur la couverture de 1935-36.

Par ailleurs, outre le tracé de la côte chinoise et le pointage des lieux d’ancrage des militaires, la couverture de 1934 présente sur une bande verticale des dessins reprenant quelques caractéristiques symboliques de ces lieux : la première où apparaît la Grande Muraille évoque les postes de Shanhaiguan et de Qinhuangdao ; la deuxième montre une représentation du Temple du Ciel (Tiantan 天壇) servant à identifier Beijing ; la troisième fait figurer une porte sur laquelle sont inscrits les caractères Beiyang jiqiju 北洋機器局 qui correspond au nom de l’ancien arsenal chinois situé près de Tianjin, détruit en 1901 après la répression de la révolte des Boxeurs, puis mis à la disposition des troupes françaises. Cette porte Sud fut le seul vestige conservé de l’ancienne fabrique d’armes chinoises après la reconstruction de ce qui est devenu l’Arsenal de l’Est à Tianjin[5]. Les autres petites vignettes sont plus difficilement identifiables. Il semble que la quatrième et la cinquième évoquent la navigation sur le fleuve Yangzi jiang 揚子江 ainsi que le Bund de Shanghai tandis que la dernière pourrait faire référence à la rivière des Perles (Zhujiang 珠江) de Guangzhou.

Si l’on s’attarde plus précisément sur la répartition des troupes en Chine du Nord, il faut noter que la plupart des services militaires se situent dans la Concession française de Tianjin où sont installés le Commandement supérieur et son État-major, ainsi que le tribunal militaire, seul existant en Chine[6]. C’est là qu’exerce André Bontemps qui, après avoir été nommé au grade d'officier de justice militaire adjoint par décret du 4 décembre 1928, est affecté au tribunal militaire de Tianjin en qualité de substitut du juge d’instruction militaire en 1930, poste qu’il occupera à partir de 1931.

C’est cependant à proximité de la ville et des concessions, à l’Arsenal de l’Est, que sont ancrées la plupart des troupes françaises avec la présence de deux compagnies d’un bataillon du 16ème Régiment d’Infanterie Coloniale, un groupe d’artillerie à deux batteries et une compagnie de chars, la direction d’artillerie et ses services, les magasins de l’intendance, ainsi que l’infirmerie-hôpital. Deux autres compagnies de ce même régiment sont détachées à Beijing et une à Tanggu à laquelle appartiennent les garnisons de Shanhaiguan et de Qinhuangdao.

En Chine du Sud, la Concession française de Shanghai abrite le 17ème Régiment mixte à trois bataillons, appuyé d’une compagnie de chars. Deux détachements de ce régiment occupent également les deux autres concessions françaises de Chine du Sud avec une compagnie à Hankou et une section au sud de Guangzhou, sur l’île de Shamian que la France se partage avec l’Angleterre[7].
Comment on this page
 

Discussion of "Les forces terrestres"

Add your voice to this discussion.

Checking your signed in status ...

Previous page on path La présence militaire française en Chine, page 1 of 2 Next page on path