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Tianjin au temps des concessions étrangères sous l’objectif d’André Bontemps (1931-1935)

Un récit visuel entre micro et macro-histoire

Fleur Chabaille, Author

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Que reste-t-il de ce Tianjin ?


Lors d'un séjour à Tianjin en 2012-2013, nous avons tenté de suivre le parcours de Bontemps et d'en retrouver trace dans la ville contemporaine. Parmi les anciennes concessions étrangères de la ville, les bâtiments des enclaves britanniques et françaises ont été les mieux préservés. Récemment, un programme de restauration sino-italien a rénové et reconstruit des vestiges de la Concession italienne qui servent aujourd'hui d'écrin à toutes sortes d'activités touristiques.

De la Concession française, on peut encore observer le Jardin français (actuel Zhongxin gongyuan 中心公园) où trônait le monument de la victoire. Érigé en souvenir de la victoire de la Première Guerre mondiale, ce monument est l'oeuvre du sculpteur français Clémencin, auteur de plusieurs statues élevées à la mémoire des morts de la Grande Guerre. Lors de son passage à Tianjin, le 4 mars 1922, le maréchal Joffre avait posé la première pierre de la construction, finalement achevée en 1924 pour un coût total d'environ 100 000 francs. Cette dernière comprend une statue en bronze, exécutée à Paris, ainsi qu'un soubassement de granit construit sur les plans fournis par le sculpteur. Sur le côté droit, à la base, est encastrée une plaque en bronze, portant ces mots "Pierre posée par le Maréchal Joffre le 4 mars 1922". Sur le côté gauche, une plaque de marbre indique que "la Municipalité française a érigé ce monument en souvenir de la Victoire, 11 novembre 1924". Enfin, au pied même de la statue et de face, se trouve une large inscription : "POUR LE DROIT ELLE VOULUT VAINCRE 1914-1918". Des travaux ont profondément modifié l'aspect de l'ancien jardin dans les années 1980. En 1995, le monument de la victoire a été remplacé par une statue du général Ji Hongchang 吉鴻昌 (1895-1934), héros de la résistance contre le Japon dans les années 1930 dont la résidence se trouvait à proximité du jardin, avenue Joffre (actuelle Huayuan lu 花园路).

L'imposant bâtiment de la Municipalité française (1) et (2) a également été maintenu. Il abrite aujourd'hui le Bureau municipal de la culture, de la radio, du cinéma et de la télévision de Tianjin (Tianjin wenhua guangbo yingshi ju 天津市文化广播影视局). La décoration et l'agencement intérieurs rappellent tout à fait le style français (1), (2), (3) et (4).

Parmi les monuments d'époque les mieux conservés, ceux des banques sont sans doute les plus nombreux, comme le montre l'exemple de l'ancienne banque franco-chinoise qui apparaît dans un film de Bontemps et dont la façade s'affiche aujourd'hui à l'identique.

D'autres édifices majeurs de la Concession française que n'avait pas photographiés Bontemps ont été préservés : l'ancien poste de police, l'ancien consulat de France, une ancienne caserne militaire, ainsi que l'ancien club français (devenu le musée de la finance).

Les églises ont également survécu, malgré des trajectoires parfois chaotiques : la cathédrale Saint-Joseph qui est devenue une véritable attraction touristique (surtout à Noël) encastrée entre de grands magasins, la cathédrale Notre-Dame des Victoires, et l'église Saint-Louis, très détériorée, en cours de restauration lors de mon passage.

Monument emblématique de la Concession britannique, le Gordon Hall a été fortement touché par le tremblement de terre de Tangshan 唐山 en 1976 et a dû être détruit en 1981. Un nouveau bâtiment (1) et (2) lui sert de substitut, mais il ne reproduit pas le style architectural atypique de l'ancien siège du Conseil municipal britannique.

L'ancienne rue Saint-Louis où résidait la famille Bontemps a quant à elle subi de trop importantes modifications pour qu'il subsiste des traces de la maison familiale. La rue était très longue et il y avait plus de 400 numéros. Après le numéro 160 environ, les bâtisses ont été détruites pour construire une nouvelle route (Nanjing lu 南京路). Le tribunal militaire où travaillait Bontemps semble également avoir disparu. En témoigne cette photo prise à l'ancien emplacement du tribunal, 53 rue Saint-Louis, dont rien ne laisse deviner l'héritage historique.
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