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Historiographics

Un champ d'exploration pour des narrations alternatives à dominante visuelle

Cécile Armand, Author

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"Historiographics" : e-compilation de la série "Graphic History" sur Scalar

Je dois reconnaître une nouvelle fois ma dette à l'égard de Fleur, qui m'a fait découvrir Scalar et m'y a convertie ! Après avoir longuement mûri le "Users' Guide", j'y ai trouvé un support adapté pour rassembler les textes épars de ma série "Graphic History ". Le format du "blog" me semblait en effet de moins en moins adapté, au fur et à mesure que se développait la série et que ma réflexion progressait dans des directions imprévues au départ. Trois limites se sont rapidement fait sentir :
  1. longueur : le carcan du billet apparaissait trop étriqué pour développer une pensée qui devenait plus dense et avait besoin de davantage d'espace pour s'épancher.
  2. éclatement : le blog ne répondait plus au besoin croissant de cohérence qui a progressivement émergé à partir d'une pensée au départ fragmentée.
  3. déplacement de l'objet : partie d'une histoire "graphique" ("Graphic History"), le mot s'est rapidement révélé inapproprié : à la fois trop restreint (en glissant vers une "Photographic History" ou plus récemment vers une "Multimedia History") mais aussi trop large (l'adjectif "graphic/que" ne désignant pas spécifiquement le "visuel" comme je l'entendais au départ, mais tout ce qui avait trait à l'écriture, à la graphie, de manière générale).
En faisant migrer ma série vers Scalar, je l'ai rebaptisée par la même occasion, pour signaler ce glissement sémantique : "Historiographics : un champ d'exploration pour des narrations alternatives". "Historiographics" plutôt qu'historiography : non par un tropisme anglo-saxon gratuit, sur le modèle de la "politics", de l'"economics", de la "physics", de la "genomics", voire de la "culturonomics" lancée par les agents du projet Google NGram Viewer. L'"Historiographics" dont il est question ici ne désigne pas tant une science ou une discipline balisée, qu'un domaine à géométrie variable, un champ d'interactions, un lieu de passage où se croisent et circulent librement des influences et des inspirations multiples, d'origines parfois inattendues, autorisant d'improbables métissages, qui peuvent enrichir mes expérimentations historiographiques.

Je dois toutefois souligner deux limites à cette e-publication :
  • elle est parfois tangentielle par rapport à notre atelier "Histoires visuelles", dans la mesure où elle est souvent trop centrée sur la publicité chinoise, ou mue par un attrait plus personnel pour la BD ou l'art contemporain.
  • elle est finalement peu novatrice par son usage du matériau visuel : je reconnais que les images y restent purement illustratives et subordonnées à mes textes.
Je me demande si notre culture lettrée, qui plonge ses racines dans une formation "classique" progressivement forgée depuis l'enfance, n'est pas pour quelque chose dans cette difficulté à adopter une pensée purement visuelle - si tant est qu'une telle épure soit possible, et souhaitable ? Si cette acculturation lettrée ne fait pas obstacle à l'acquisition d'une authentique "raison visuelle" ("raison graphique" dirait Jack Goody) - un "lettrisme visuel" qui serait le pendant du lettrisme d'Isidore Idou, ou d'autres expériences de méta et d'hypergraphie ? Médiation incontournable aux lettrés que nous sommes, les mots sont toujours là, un bagage culturel dont il est semble bien difficile de nous délester. Ce sont surtout les mots écrits (textes) qui pèsent : ils ont certes une logique visuelle (plus évident, peut-être, dans des langues comme le chinois ou l'arabe), mais elle est tout autre. Il faudrait pouvoir oublier, (re)venir à une forme d'illettrisme, une sorte d'enfance ou d'état primitif de l'écriture, une certaine naïveté voire une ignorance face à notre culture lettrée, pour se forger une véritable littératie visuelle - pour vraiment penser visuellement.

Je suis allée un peu vite en suggérant qu'il n'y avait aucune recherche dans mon usage du matériau visuel : l'exigence d'une pensée réflexive sur la construction visuelle de cette série "Graphic history" s'est progressivement imposée au cours de ma prise en main de l'outil Scalar. Tandis que j'en explorais les multiples potentialités, trois pistes se sont dessinées :
  • pour les textes pré-écrits et pré-publiés sur Hypothèses : je ne me suis pas contentée d'une simple compilation par "copier-coller", mais je me suis astreinte à un véritable travail de "traduction" pour adapter le matériau primaire au format "Scalar", allant parfois jusqu'à une profonde réécriture du texte originel. Je me suis efforcée de choisir le format ("page view" ou "structure") le plus approprié à chaque billet et chaque fragment de réflexion, également dans une perspective d'expérimentation, en vue de tester le plus d'options possibles.
  • pour les textes non pré-publiés avant ma découverte de Scalar, l'outil a été pleinement intégré - et malgré moi... - à la réflexion et à ses "mises en écriture". Scalar hantant désormais les moindres recoins de ma conscience (!), chaque texte a été plus ou moins composé* en vue et en fonction de l'outil. Scalar n'a donc pas été un simple support de publication et de compilation, mais plus profondément un outil de création.
  • au fil de la réflexion et de l'accumulation des pages sur Scalar, des liens semblaient se dessiner, une cohérence prenait corps : j'ai alors pris pleinement pris conscience de l'intérêt que pouvaient avoir les diverses fonctions de "mises en lien" (paths, tags, links...) et de "visualisation" de ces liens, ainsi que des itinéraires de navigation entre ces "pages" (bien improprement nommées, au fond) et ces liens.
Le résultat n'est peut-être pas à la hauteur du projet réflexif que j'expose ici, mais ne désespérons pas qu'un jour...

Cette série se décompose en plusieurs saisons, qui constituent autant de "paths", et qui sont elles-mêmes subdivisées en "épisodes" (qui constituent des pages individuelles), et qui connaîtront je l'espère des ramifications ultérieures :
  • Saison 1 : Graphic History : consacrée aux rapports histoire et bande dessinée (et même dessin et art graphique en général)
  • Saison 2 : Designing History : consacrée aux rapports entre histoire et design
  • Saison 3 : Photographic History : consacrée aux rapports entre histoire et photographie
  • Saison 4 : Multimedia History : consacrée aux rapports entre histoire et arts plastiques contemporains
  • Saison 5 : Cinematographic History : consacrée aux rapports entre histoire et cinéma
  • Saison spéciale "Méthodologie" : qui rassemble des réflexions transversales à tous ces mediums, et souvent issues de mon utilisation de Scalar.
Libre au navigateur d'explorer ces chemins comme bon lui semble...

* Composé plutôt qu'écrit : "écrire" est un verbe qui discrimine les images et les médias de manière générale ; le verbe "composer" autorise plus de plasticité.
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