Des Coiffures pour l'histoire: un descriptif des gravures dans l’almanach de Marie-Antoinette, Le Trésor des Graces

Coiffure à la Mont-médy

L’image de la « Coiffure à la Mont-médy » dans Le Trésor des graces dépeint une femme avec une coiffure ornée. Elle a quatre grandes boucles de cheveux sur le côté de sa tête et deux grandes boucles à l’arrière. Les boucles sur le côté de sa tête sont horizontales et celles à l’arrière sont verticales ; elle a aussi deux rouleaux libres de cheveux sur les épaules. Elle porte une sorte de chapeau qui consiste en un petit diadème au-dessus de son front et une haute amorphe quantité de tissu qui supporte cinq grandes plumes qui sont ici jaunes, rouges et bleues. Le portrait montre peu de sa robe, mais il semble qu’elle soit très décolletée et que le col soit bordé de dentelle ou de ruban. Ses boucles d’oreilles sont très petites : le point central du portrait est la coiffure, pas la robe ou les autres accessoires.

La coiffure à la Montmédy fait référence à Montmédy, une ville fortifée au nord-est de la France. La ville date du VIIe siècle, et en 1221 le comte de Chiny a construit un château dans cette ville. Au XVIe siècle l’Empereur Charles V a remplacé le château par une citadelle fortifié. [1] Montmédy était l’ancienne capitale du comté de Chiny ; elle a appartenu au Luxembourg, à la Bourgogne, à l’Autriche et à l’Espagne avant de devenir française. [2] Pendant la guerre franco-espagnole au XVIIe siècle, l’armée française a assiégé la ville de juin 1657 à août 1657. Le dernier gouverneur espagnol de la ville, Jean d’Allamont, a défendu Montmédy ; il a été tué le 4 août 1657, et Mazarin et Louis XIV étaient présents pour la prise de la ville par l’armée française peu après. [3]

Le hasard voudrait que Montmédy soit devenue la destination prévue de la famille royale quand ils se sont échappés de Paris en 1791. [4] Ils ont été arrêtés à Varennes et ne sont pas arrivés à Montmédy. Une gravure de 1791 (huit ans après la publication des portraits dans Le Trésor) a lié encore une fois les cheveux et Montmédy : la gravure montre Louis XVI en train de coiffer Marie-Antoinette pour la déguiser avant leur fuite. Le titre de la gravure est : « Troc pour troc, coeffure [sic] pour couronne, Paris pour Montmédy, départ pour l’Autriche ». La gravure n’est pas associée à la coiffure à la Montmédy, parce qu’elle a été publiée à peu près une décennie après le portrait de la coiffure, mais elle renforce le lien entre Marie-Antoinette et les coiffures.

Entre le siège de Montmédy en 1657 et la fuite de la famille royale en 1791, Montmédy n’a pas attiré l’attention nationale. Par conséquent, la coiffure à la Montmédy fait probablement référence au siège de 1657. Ce n’est pas clair pourquoi il y avait un besoin de commémorer une victoire qui s’est passée il y a plus de cent vingt ans plus tôt. La coiffure est apparue presque en même temps que la fin de la guerre d’indépendance des Etats-Unis ; peut-être que la guerre a incité la commémoration d’une autre victoire française, bien que les ennemis aient été différents. La structure de la coiffure ressemble à la ville de Montmédy : le tissu élève les grandes plumes dans la coiffure comme les fortifications et la colline abrupte élève la ville. Il semble que la coiffure “à la Montmédy” ait été assez connue à la fin du XVIIIe siècle: un livre qui énumère des coiffures qui avaient « la faveur des élégantes » au XVIIIe siècle inclut la coiffure à la Montmédy et quelques autres qui paraissent dans Le Trésor. [5] Un éventail « à la Montmédy » est devenu populaire en septembre 1791, mais parce qu’il apparaît trois mois après la fuite de la famille royale il est probable que le nom de l’éventail faisait référence à cet événement. [6]


Charlotte Treadwell, Wellesley College Class of 2016

The picture of the “Coiffure à la Mont-médy” in Le Trésor des graces depicts a woman with an ornate hairstyle. She has three large curls on each side of her head and two at the back. The curls at the side of her head are horizontal and those at the back are vertical; she also has two loose curls on her shoulders. She wears a kind of hat or headdress that consists of a small diadem above her forehead and a tall amorphous mass of fabric that supports five large feathers. The portrait does not show much of her dress, but it appears that its neckline is very low and bordered with lace or ribbon. Her earrings are very small: the focus of the portrait is the hairstyle, not the dress or the other accessories.

The Coiffure à la Montmédy is a reference to Montmédy, a fortified town in northeastern France. The town dates from the 7th century, and in 1221 the count de Chiny built a castle there. In the 16th century, Emperor Charles V replaced the castle with a fortified citadel. [1] Montmédy was once the capital of the county of Chiny; it belonged to Luxembourg, Burgundy, Austria, and Spain before becoming French. [2] During the Franco-Spanish war of the 17th century, the French army besieged the town from June to August 1657. The last Spanish governor of the town, Jean d’Allamont, defended Montmédy; he was killed on August 4th, 1657, and Mazarin and Louis XIV were present when the French army seized the town shortly afterward. [3]


Coincidentally, Montmédy was the intended destination of the royal family when they escaped from Paris in 1791. [4] They were arrested at Varennes and never reached Montmédy. An engraving from 1791 (eight years after the publication of the portraits in Le Trésor) again linked hairstyles and Montmédy: the engraving showed Louis XVI arranging Marie Antoinette’s hair to disguise her before their flight. The title of the engraving is: “Troc pour troc, coeffure pour couronne, Paris pour Montmédy, depart pour l’Autriche” (“Swap for swap, hairstyle for crown, Paris for Montmédy, departure for Austria”). The engraving is not related to the Coiffure à la Montmédy, as it was published nearly a decade after the portrait, but it reinforces the link between Marie Antoinette and hairstyles.

Between the siege of Montmédy in 1657 and the flight of the royal family in 1791, Montmédy did not attract national attention. Therefore, the Coiffure à la Montmédy is probably a reference to the siege of 1657. It is not clear why there was a need to commemorate a victory that had taken place more than 120 years earlier. The hairstyle appeared at nearly the same time as the end of the Revolutionary War; perhaps the American war prompted the commemoration of another French victory, even though the opponent was different. The structure of the hairstyle resembles the town of Montmédy: the fabric elevates the large feathers in the headdress in a manner similar to how the fortifications and the steep hill elevate the town. It appears that the “Coiffure à la Montmédy” was fairly well-known at the end of the 18th century: a book that listed hairstyles that had “la faveur des élégantes” in the 18th century included the “Coiffure à la Montmédy” and several others that also appeared in Le Trésor. [5] A fan “à la Montmédy” became popular in September 1791, but because it appeared three months after the flight of the royal family, the name of the fan was probably a reference to that event. [6]

Renvois

géographie
histoire militaire

 

Autres ressources / Other resources:

« Troc pour troc, coeffure pour couronne, Paris pou Montmédy, départ pour l’Autriche » (1791) 
​Une gravure de Montmédy par Sebastien de Fontault de Beaulieu (1678)
La citadelle de Montmédy (2015)

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